Du sable, du soleil, pas de vacances dans la profession

Mouais, après avoir profiter brièvement de l'hospitalité du bivouac sénobyte, Turin avait estimer que ça suffisait bien, de cotoyer des individus de cette nature, qu'il pouvait s'en passer fort bien.
Du coup, on s'était mis en route sans tarder, et au bout de trois jours de marche, on est tombé sur labeur, des petites bricoles à achever. D'ailleurs, c'est étonnant, pas loin de ça on a croisé un signe de passage précédent des Sénobytes, un petit support figurant leur cause. Ca voudrait dire qu'ils ont visité le pays de l'Est, je vais essayer de retoucher à ma radio, si j'ai pas paumé la fréquence, afin d'avoir un peu des détails sur le mafre qui pourrait nous attendre au coin des dunes et derrière les rocs et buissons d'épineux.

Ah oui, le boulot, régler par nos soins, on va voir d'autres horizons quand la chaleur du milieu de journée n'empêchera plus les efforts de la marche.

Citation :

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Un fragment du pannonceau manque, il a été reconverti un peu plus loin. En effet, la chute de bois marque désormais un endroit où le sable recouvre partiellement des ossements. Et sur cet élément de récup', quelques inscriptions :

En cette 55ème lunaison, notre binôme d'ensevelisseurs vient de croiser les restes pas trop épars de deux malheureux. D'après les indices figurant sur les débris de vêtements, il y a deux lots, un pour un certain Gump Forest, et un pour une dénommée Lorie.
On peut juger raisonnablement que ces individus ont accepter une invitation pour partager une tablée, mais que faute de places assises, ils ont été insérés finalement entre les entrées et le plat principal.

Vu la disparition de ces personnes qu'il semble évident d'estimer cérébrales, une morale est à retirer de cet état de fait, c'est la suivante : la Nature est activement hostile à l'intelligence. Et les bête-à-deux-jambes fraindes de viande humaine par la même occasion.
C'est triste mais c'est ainsi.

Y.L., membre de la clique des Fossoyeurs.

Je viens de répérer aussi du boulot un peu plus au sud de notre position, de plus, le pauvre Ray n'a pas supporté de casser sa guitare et sa voix. Il refusait de s'alimenter depuis déjà quelques lune et voilà qu'il a succombé au désert. Paix à son âme. Peut être pourriez-vous nous rejoindre pour lui assurer une sépulture correcte?

Ainur a fait le boulot, il était tellement boulversé que j'ai dû graver l'épitaphe. Sous ses air bourrus de chasseur sauvage, c'est un grand sensible finalement ...

Je vous retranscrit ici l'ambiance de l'endroit.

Citation :

Vous pouvez apercevoir un tumulus courageusement érigé avec un certain savoir faire et, vous semble-t'il, beaucoup de soin. Néanmoins, quelques ossements dépassent, vous êtes donc en présence d'une tombe. Une pierre tombale dans un matériau visiblement apporté de loin agrémente la sépulture

"Ci gît Ray Cappo, musicien devant l'éternel et fossoyeur à ses heures. Il avait sûrement prévu une ritournelle pour cet instant, peut-être nous nargue-t'il de là haut s'il en est. Suite au cassage successif de toute les cordes de sa Guitare, il refusait de s'alimenter, préférant se laisser dépérir.
Ray, puisse la musique te porter encore plus loin..."

Je vous propose une minute de silence...

... Beh merde alors, il a cassé sa pipe le confrère Ray, la journée commence bien décidément.
Bo, si j'étais en mesure d'estimer mon niveau de moral, je dirais qu'il a pris un peu de la récession, mais à la vérité ça m'est pas vraiment possible, face à des nouvelles de cet ordre je me sens d'humeur constante... c'est pas encourageant tout de même.

...Mouais, en réalité, au risque de passer encore pour un fataliste, on pouvait penser que ça sentait un peu le sap... plutot le bois de palette pour notre musicos, car il faut se dire que le désert, ça a jamais vraiment été fait pour le confort des artistes et autres parasites d'esthètes. L'inspiration et la contemplation béate, ça doit bien être absent pour ces gens-là dans le lieu si "distrayant" qu'est le désert. Les rochers, les dunes, les épineux, quand t'en as vu un, tu les as tous vus. Donc au bout d'une lunaison, la fibre artistique, elle doit bien peiner pour trouver des sujets d'émerveillement dans cette merde, parce que chanter, peindre, poétiser le désert, ça a fait son temps... j'imagine que tout ça pèse sur la volonté de "création", et de se retrouver bridé, muselé, ça joue pas un beau rôle sous le crane des compositeurs comme Ray Cappo.
De toute façon, on aurait rien pu faire pour cette choch..ce garçon, l'empêcher de perdre peu à peu goût à la vie, car perso chuis pas familier de la pensée positive, c'est vrai!
Et puis, y'a un truc à rajouter dans la balance, notre musicos, tout intermittent du spectacle qu'il était, il pouvait plus justifier de beaucoup de cachets ni de suffisamment d'heures face aux caisses UNEDIC ...qui se font discrète et rares, il est vrai... l'idée que pour sa retraite, ça allait être tintin, y'a dû avoir un fléchissement notable sur le moral.

Bon, maintenant qu'il est 'en sable', comme dit, on va essayer d'avoir une pensée, en tout cas de faire une minute de silence, faut dire le Ray on l'a un peu mené sur des sentiers, que ça a dû le botter moyen de manipuler de la viande froide et de retourner de la terre, au lieux d'écrire tranquillement des ritournelles de pleureuses et autres chochottes.
Puis comme chuis pas chien, et que ça coûte rien, je vais faire de l'inflation sur toi, Raul, moi j'y fait carrément trois minutes de silence, c'est sport, non?
En même temps, avant de fermer ma bouche, y'a une phrase qui fait bien à dire dans cette circonstance, c'est le professionnalisme qui commence à parler pour ma part :

Adieu l'artiste.

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Au bout d'un peu plus de deux minutes quarante, le grésillement radio reprend, et une respiration se devine derrière le micro.
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Eéé
ééé
eet
Top!

Voilà, maintenant qu'on a tous eu nos pensées émues et qu'on a bien pleurer dans nos chaumières, ou en tout cas pas loin, ou alors qu'on a essayé de prendre un air abbatu, on peut décemment en revenir au formel.
' compris que vous aviez fait le boulot à vous deux, avec le piémontais on risquait pas d'arriver sur place avant que les mouches y pondent, dans la dépouille de Ray. Donc ça a économisé des efforts à tout le monde et l'hygiène de votre périmètre en sort grandie.

Juste un détail, j'imagine bien que le repos du guerrier, ça fait que l'autre il est sous le sable avec son arme de prédilection contre les chacals et autres charognards, à savoir sa guitare, mais je voulais être au courant d'un truc : les cordes, vous les avez récupérées, cause que ça peut s'avérer très utile par la suite

Non, ses cordes de guitares, il les avait jetées de rage quand elles se sont cassées, Ainur avait quand même réussi à en récupérer une pour faire quelques collets...

Pour ce qui est du boulot, ça chôme pas ici,

Citation :

une pierre érigée masque tant bien que mal un petit tumulus d'où dépassent quelques ossements vous pouvez lire

Ci git une dénommée krill, malheureusement, là où elle est, elle donnera plutôt à manger aux vers de terre qu'aux baleines.

Raul Endymion, fossoyeur https://fractal-fossoyeurs.forumsrpg.com/

Du travail d'artiste je vous dis

Au bout de quelques temps, Yves et son compère Turin voient arriver leurs collègues fossoyeurs qui ont eu moultes taches chemin faisant.

...Raul, ça me chiffonne de te dire ça, mais...

..on voit toujours une trop grande surface de ta peau, c'est pas vraiment jouasse, j'étais convaincu que t'aurais enfilé des choses pour couvrir certains points de ton anatomie qui accrochent le regard malgré soi.

Copain Ray, l'est plus de ce monde, en passant il t'a pas légué son ...comment c'est déjà, le terme... zonblou. T'aurais ainsi le minimum syndical du vêtement, même plus parce que c'était pas du foin son 'cuir'.
Chuis scpetique, y'a des moments faut pas faire de sentiments, c'est pas du dépouillement à proprement parler, sous le sable il sera pas souvent incommodé par les éléments atmosphériques, le froid, le chaud, il s'en cogne désormais.

M'enfin, c'est toi qui vois, si tu répugnes à quelques actes sur les macchabés. j'ai du mal à me rendre compte, c'est que j'ai pas du tout la conscience pour me freiner.